DOMINIQUE – J’ai beau savoir que c’est un autre nom de la châtaigne d’eau, plante paisible et poétique s’il en est, sorte d’inoffensif croisement entre un nénuphar et un marron (on l’appelle aussi mâcre nageante, appellation convoquant toute une nouvelle gamme d’images, du genre mâcre gracieusement coiffée d’un bonnet de bain effectuant un crawl stylé), tout ce que je vois est cet horrible mollusque caoutchouteux dont on fait les plus mauvais clam showders du monde.
NICOLAS – Lorsque Marie et moi sommes passés par notre phase bouffe asiatique, j’étais très excité par tout ingrédient le moindrement exotique. C’est à moment que j’ai découvert la châtaigne d’eau (ci-après nommée grmph).
Le grmph est dépourvu de toute saveur. Sa seule vertu tient à la texture : il ajoute du croquant, par exemple dans les raviolis. Hacher les grmph assez finement demande cependant une certaine opiniâtreté, si l’on n’est pas doté d’un robot culinaire. Le fruit est sphérique et glissant, il faut donc le travailler avec un couteau de chef afin d’obtenir une granulométrie bien fine et aussi uniforme que possible. Hélas, peu importe le temps qu’on y consacrera, il restera toujours un morceau trop gros qui fera saillie dans la farce et déformera votre feuille de pâte à won ton (s’il ne la crève pas carrément).
Mâcres, je vous haïs.